Cette étude vise à analyser les différents facteurs d’adhésion, de blocage ou de résistance, relatifs à la l’intégration de l’éducation à l’environnement dans le système éducatif marocain à travers l’étude du cas des établissements scolaires de la ville de Moulay Idriss Zerhoun – Préfecture de Meknès.
Le diagnostic est à caractère exploratoire. Il a permis d’appréhender le contexte et l’état de l’intégration de l’éducation au développement durable dans le système scolaire marocain à partir de l’étude du cas des établissements de Moulay Idriss Zerhoun. Les résultats de l’enquête ont explicité les formes d’adoption de l’EEDD et leurs évolutions, les comportements contradictoires à l’égard de la reconnaissance de cette éducation éco-citoyenne et les contraintes qui handicapent son intégration dans les cursus et les pratiques éducatives au niveau du primaire et du secondaire.
Les résultats de la recherche-développement ont abouti à la confirmation des 3 hypothèses de recherche qui ont orienté ce travail. En effet, les données de l’enquête montrent que les établissements scolaires ne sont pas suffisamment ouverts sur leurs environnements pour permettre aux élèves d’interagir positivement avec leurs milieux et mener des actions citoyennes.
Conscients de son importance dans la formation citoyenne, les enseignants enquêtés jugent pertinent d’intégrer l’EEDD dans les pratiques éducatives des établissements. Celle-ci implique des aménagements des emplois du temps, des programmes et reconnaissance de l’EEDD dans les cursus d’enseignement. Ils sont plus des 4/5 à approuver la promotion des bonnes pratiques de l’EEDD en milieu scolaire, conjuguée avec une ouverture de l’établissement scolaire sur son environnement et ses acteurs politiques, administratifs et civiles. La réticente même si elle concerne environ le 1/5 de notre échantillon seulement elle est davantage le résultat d’une peur d’être surchargée, une méconnaissance des approches et thématiques de l’EEDD ou une résignation au discours fataliste du type « rien à faire ».
L’ouverture de l’école sur son environnement permettra d’agir sur le milieu de vie des enfants et les inciter à prendre conscience de leur rôle active dans le respect et la protection de l’environnement urbain, naturel et humain. Le fait d’agir uniquement au sein des murs de l’établissement scolaire développe une double attitude : ils se soumettent à la règle au sein de l’école mais se conforme à l’état dominant dans la rue et les espaces publics. Dans les deux cas, il n’ya ni appropriation, ni une intégration des valeurs éducatives du développement durable comme des valeurs citoyennes. Le vrai défi c’est comment contribuer à l’ouverture de l’école sur son environnement pour conforter et stimuler les initiatives locales et citoyennes (élus, associations, administrations publiques…) ?
Dans tout les cas, l’enseignant demeure la figure principale du système pédagogique. Il est le médiateur entre l’apprenant, la société et les orientations éducatives. C’est l’acteur qui pourrait porter cette dynamique en collaboration avec des structures du Ministère de l’Education, les associations locales ou nationales, les fondations ou autres organisations éducatives. C’est pour cela que l’enseignant doit être au centre de la concertation pour la promotion de l’EEDD.
Quant à la perception de la mise en œuvre de l’EEDD dans le système éducatif par les enseignants et le corps éducatifs, l’enquête a révélé qu’environ la moitié considère l’EEDD comme une obligation supplémentaire, indépendante des cursus scolaires qui sont prioritaires. Elle est souvent insérée dans le parascolaire en tant qu’extra. La place de l’éducation à l’environnement et au développement durable se trouve ainsi insignifiante ou liée à quelques initiatives individuelles. Cette perception conditionne à la fois l’intérêt des enseignants à être plus réceptifs aux valeurs de l’EEDD et leurs volontés d’agir pour son intégration dans les pratiques pédagogiques à l’école.
Concernant le rôle éducatif de l’EEDD dans la formation des jeunes générations et d’une écocitoyenneté active et responsable, les enseignants dans leur quasi-totalité sont favorables. La thématique de l’environnement et du développement durable est de plus en plus complexe et exige préparation, appropriation et nouvelles compétences pédagogiques et en approches d’animation. Ils sont justes un peu plus de la moitié dans notre échantillon à se sentir en capacité de prendre en charge ou d’animer une activité d’éducation à l’environnement. Le déficit en formation et en compétences pour conduire, animer et partager des valeurs de l’EEDD est un réel blocage à son intégration dans le système scolaire. L’accompagnement des initiatives éducatives dans le champ du développement durable par la formation, la sensibilisation et la valorisation est fondamental.
Ce travail de recherche-action qui s’est fixé comme objectif dès le départ de contribuer par des données empiriques et d’action à l’amélioration de la place et rôle de l’EEDD dans le système éducatif marocain semble atteint. Il a débouché sur une ébauche de plan d’action opérationnel. Une dizaine de fiches pédagogiques et un film de restitution et de sensibilisation ont été réalisés en parallèle à ce travail. Il vise à contribuer au renforcement de l’intégration de l’EEDD dans le système scolaire marocain et à consolider les capacités des enseignants, animateurs et éducateurs de l’EEDD dans les établissements scolaires.
Supports éducatifs réalisés :
Film Documentaire de restitution du projet et de sensibilisation à l’EDD dans le système éducatif a été réalisé.
Une dizaine de fiches pédagogiques sur la conduite d’activités éducatives au profit des enseignants ont été réalisées.
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