Patrimoines culturels et naturels

L’éducation au patrimoine est une composante de l’éducation au développement durable. L’association Ifker partage les préoccupations mondiales de la protection des patrimoines naturels et culturels comme des biens communs.  Ce sont des ressources qui permettent de satisfaire les besoins économiques, esthétiques et sociaux du présent « (…) sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs », Rapport Brundtland, (1987). Ces patrimoines sont des leviers de développement des territoires et peuvent être considérés comme des empreintes de l’homme sur le milieu naturel et culturel. Ils constituent ainsi un héritage qu’il faudrait préserver, comprendre et partager avec les jeunes et les enfants dans le système scolaire et leurs milieux de vie locaux.

Rappelons que le patrimoine matériel et immatériel est ensemble d’éléments qui fondent l’identité de chacun des groupes humains et contribuent à les différencier les uns des autres dans leurs historicité et spécificité. Le patrimoine est donc un terme inépuisable. Il constitue l’identité  d’un pays, d’un territoire, de groupes humains, de pratiques socioéconomiques et culturelles ou d’époques historiques,  de biens matériels ou immatériels, de savoirs organisés, qui se sont élaborés, transmis, transformés sur un territoire donné… On parle ainsi de patrimoine archéologique, industriel, urbain, rural, maritime, religieux, naturel… mais aussi de patrimoine littéraire, cinématographique, photographique, culinaire, vestimentaire, paysages naturels et culturels…

La province de Meknès comprend au moins quatre sites (sans prétendre l’exhaustivité, car la diversité du patrimoine de la Préfecture est très riche) d’une grande importance historique et patrimoniale, dont deux sont classés patrimoines de l’humanité par l’UNESCO :

  • la Médina ismaélite de Meknès :

L’histoire de Meknès est intimement liée à celle des quatre villes impériales du Royaume (Fès, Marrakech, Rabat et Meknès). Elle a connu des influences multiples de la part des différentes dynasties qui ont marquées l’histoire du Maroc (Idrissides, Almoravides, Almohades, Mérinides, Saadiens, Alaouites). Mais avant-elles plusieurs civilisations (romaine, phénicienne, amazigh…) ont légué un héritage précieux qui mérite exploration et valorisation. Par contre, c’est bien le Sultan mythique Moulay Ismail (1672-1727) de la dynastie des Alaouites qui a érigée Meknès en capital et lui a donné un rayonnement national et international. C’est un patrimoine commun qui a été reconnue en 1996 par l’UNESCO.

  • La cité archéologique de Volubilis :

La cité de volubilis se situe à une trentaine de kilomètres au Nord-ouest de Meknès. Sa superficie atteint 42ha. Elle renferme les vestiges essentiellement romains, un municipe fortifié bâti sur un site imposant au pied du Djebel Zerhoun. Ces vestiges archéologiques témoignent de plusieurs civilisations qui relier l’Afrique à l’Europe et à l’Orient. Toutes les phases d’une occupation de dix siècles, de la préhistoire à la période islamique, y sont représentées. C’est un site chargé d’histoire, d’événements, de croyance et d’œuvres artistiques d’une signification universelle, notamment en tant que lieu qui abrita pour une brève période la capitale de la dynastie musulmane des Idrissides. Il est classé patrimoine de l’humanité par l’UNESCO depuis 1997.

  • Ville de Moulay Idriss Zerhoun :

La Cité historique de Moulay Idriss est connue par le Mausolée Moulay Idriss Premier. Elle se situe à 27 kilomètres au Nord de Meknès, et à environ 2,5 km des Ruines Romaines de Volubilis. Moulay Idriss Al Akbar a migré au 9ème siècle de Baghdâd vers le Maroc et a été accueilli par les populations de la zone de Moulay Idriss. Son tombeau n’a été érigé en lieu confrérique que vers le 17ème siècle par Moulay Ismail, Sultan Alaouite qui avait fait de Meknès sa capitale.

Un grand Moussem est célébré actuellement pendant le mois d’août à Moulay Idriss. Il attire plusieurs milliers de pèlerins groupes confrériques, descendances des chorfas (Al Alouiîn, Al Alamiyiîn, Aîsawa, Hmadcha) et tribaux (arabe et amazigh de plusieurs territoires) qui viennent en quête de spiritualité, de méditation et d’allégeance à la mouvance religieuse de la Confrérie Idrisside. Ce moment festif (chants, musique…) est également l’occasion d’une grande foire d’échange économique (offrande, commerce…) et symbolique (recueillement, réactualisation du lien…) pour les fidèles et les visiteurs.

  • Le site naturel du Zerhoun 

Unique espace forestier au sein de la province de Meknès et milieu original où biodiversité, savoir-faire ancrés et patrimoine historique se côtoient en harmonie et s’offre comme une destination singulière qui renforcerait le produit culturel de Meknès. Il est reconnu de Site d’intérêt biologique et écologique et mérite un classement le valorisant en parc naturel selon la nouvelle génération des parcs de l’UNESCO ou selon la loi 2010 sur les aires protégées.

Au-delà de Volubilis et de Moulay Idriss, l’arrière-pays du Zerhoun avec sa forêt d’environ 1800 ha, ses douars particuliers, ses lieux saints (Sidi Ali, Sidi Abdellah Al Khyat, Beni Amar …) représente une véritable halte de randonnée et d’immersion dans la culture rurale locale. La confrérie de Sidi Ali Ben Hamdouch, berceau du soufisme selon la tariqa des Hmadcha, se distingue par son rayonnement national. Il attire plusieurs milliers de visiteurs dans cette bourgade de montagne à moins de trente kilomètres de Meknès. La musique Hmadcha est un patrimoine à protéger et à valoriser.

Tous ces éléments qui constituent un patrimoine vivant interpellent l’association Ifker, en tant qu’acteur de la société civile, pour s’approprier ces éléments, leur conférer un sens éducationnel au service de l’éducation au patrimoine au profit du développement territorial durable.