Depuis 2014, les membres de l’association IFKER se sont engagés sur la voie de l’éducation au développement durable et de la protection de la diversité des patrimoines naturels et culturels au sein de la Région Fès –Meknès. Le territoire du Zerhoun constitue un laboratoire d’observation et d’expérimentation des approches et outils au service du développement durable. La prise de conscience pour faire de ce territoire une aire protégée s’enracine et devient de plus en plus pertinente et légitime, notamment au regard du débat planétaire sur les changements climatiques et la vulnérabilité des écosystèmes montagnards.
Le projet de mise en valeur du SIBE du Zerhoun en tant qu’outil de gouvernance et de valorisation des ressources écologiques, économiques et patrimoniales s’inscrit dans la stratégie nationale des aires protégées du département des Eaux et Forêts. Il converge plusieurs acteurs et partenariats, dans le cadre de la coopération décentralisée entre le Ministère de l’Intérieur Marocain et le Ministère des Affaires Etrangères Français, impliquant les collectivités territoriales du Conseil de la Préfecture de Meknès et du Parc Naturel Régional des Landes de Gascogne ainsi que plusieurs partenaires institutionnels et civils. Ce projet de territoire est porté par l’association Ifker d’éducation à l’environnement et développement durable, notamment dans le cadre du PPIOSCAN2 – UICN.
En effet, cette initiative collective vise à identifier les axes de travail pour la préparation du dossier préalable à tout effort de classement. Ce séminaire des experts est une première entrée dans le champ des connaissances à mobiliser, des méthodologies à suivre et des procédures à remplir selon la réglementation nationale marocaine en matière de classement des aires protégées.
L’objectif du séminaire est donc de contribuer au recensement des connaissances naturalistes et patrimoniales et à en révéler localement les enjeux entre experts, élus et agents de développement. Ce séminaire regroupera une première assemblée de personnes ressources (spécialistes naturalistes et experts en patrimoines) qui seront mobilisées par l’équipe de diagnostic et invitées à s’exprimer sur leurs disciplines respectives. C’est une première étape pour faire l’état de lieu des connaissances, selon les travaux passés ou en cours, entrevoir les analyses possibles sur ces thématiques et engager une écoute réciproque entre les parties prenantes et les experts.
Les contributions orales pendant ce séminaire vont motiver et orienter les apports écrits ultérieurs en vue de consolider les éléments déjà produits à ce jour et constituer dans quelques mois un dossier complet pour le projet de création de « parc naturel » auprès de l’Administration (article 12 de la loi marocaine n°07-22). Le développement de ponts entre disciplines et de partages effectifs entre représentants d’institutions publiques, d’acteurs locaux et d’habitants vise à renforcer la candidature du territoire du Zerhoun pour obtenir le statut d’aire protégée et fédérer divers organismes autour de la programmation d’actions concrètes en faveur de la biodiversité et de l’éducation à l’environnement.
Le diagnostic en cours de réalisation est partagé avec le Parc Naturel Régional des Landes de Gascogne notamment conformément à l’esprit de la convention franco-marocaine entre la Fédération Nationale des Parcs Naturels Régionaux de France et l’administration des Eaux et Forêts et à la Lutte contre la Désertification du Maroc. Son expérience de plus de 50 ans ne peut qu’enrichir la dynamique de notre territoire et asseoir les bases d’une coopération décentralisée innovante, ouverte et prometteuse pour la protection de la nature et le développement territorial durable.
Le diagnostic vise à :
- Capitaliser la connaissance produite et impliquer les personnes ressources (naturalistes et experts en patrimoine culturel et les acteurs locaux et institutionnels dans l’action du diagnostic) ;
- Mobiliser des acteurs naturalistes et scientifiques d’horizons divers autour d’un même projet innovant ;
- Dégager les enjeux du territoire en matière de ressources (forces, faiblesses, opportunités, menaces et risques) ;
- Nourrir les thématiques et les enjeux de la biodiversité sur lesquels se focaliser en vue d’une stratégie de conservation.
Les trois composantes concernées par le diagnostic :
Autour des valeurs naturalistes et écologiques, deux approches pluridisciplinaires se croisent :
- Un diagnostic thématique approfondi (biophysique, écologique, …) selon les besoins, les enjeux et les procédures des dossiers de classement des aires protégées
- Une caravane d’itinérance naturaliste sur plusieurs jours continus aura lieu sur le territoire en 2020 afin d’inventorier et d’interpréter la diversité biologique locale par des équipes franco-marocaines et pour susciter localement un attachement au projet de parc autour des thèmes du patrimoine naturel
Le patrimoine culturel est aussi fondamental dans les aires protégées. Il mérite à la fois un diagnostic, une valorisation et une intégration dans les stratégies régionales et locales de développement territoriale durable. La présence du site archéologique, site classé patrimoine UNESCO, et de la cité spirituel de Moulay Idriss Zerhoun est un potentiel fort pour penser globalement le territoire Volubilis-Zerhoun comme un pôle du patrimoine naturel et culturel d’exception
L’analyse des ressources socio-économiques du territoire du Zerhoun renvoie à l’analyse des utilisations des ressources, des occupations des sols et des activités économiques en place. La démographie et les activités humaines et animales sur les ressources seront analysées en relation à la fois à l’identification des opportunités économiques à promouvoir selon les objectifs de développement durable et la protection des ressources territoires. La valorisation des produits locaux, le tourisme rural, l’écotourisme, les activités de l’économie sociale et solidaire feront partie intégrante de ce volet.
Ce séminaire se propose d’être une première entrée sur le territoire à travers l’expertise accumulée des spécialistes et leur connaissance fine des réseaux d’acteurs à mobiliser. La proposition consiste à capitaliser les éventuels travaux antérieurs, l’effort de collectes d’information à entretenir la mobilisation des personnes ressources et référentes (en vue de construire réseau de connaissance élargi) ainsi qu’à inviter les instances gouvernantes à soutenir les premiers projets concrets de développement territorial.
Cette initiative qui vient de la société civile amorce une concertation et un plaidoyer pour que les acteurs puissent ensemble parler d’une seule voix, dans le contexte de la coopération décentralisée et des programmes internationaux de protection de la nature. L’initiative acquiert également une légitimité dans la nouvelle stratégie 2020, “Forêts du Maroc” qui vise le développement du secteur forestier marocain sur la base d’un modèle de gestion intégré en vue d’une « réconciliation de tous les Marocains avec l’espace forestier pour qu’il soit générateur de richesse » tout en s’inscrivant dans la durabilité.
Les années 2020 et 2021 s’annoncent d’ailleurs riches en échanges et perspectives d’avenir, puisqu’une délégation marocaine se rendra au PNRLG en mars 2020. Certes la pandémie du coronavirus a perturbé la planification des activités des mois de mars à juin 2020. Plusieurs activités seront reportées. Néanmoins, si les défis sont nombreux, les enjeux importants, la volonté de réussir de projet est toujours grande pour faire ensemble de l’expérience de coopération et de partenariat autour de la valorisation du SIBE du Zerhoun une école au Maroc et ailleurs de protection des ressources naturelles et de bonne gouvernance de développement territorial durable.
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